Saül (+) I think I've lost my way...

ILe brouillard s’épaissit. Tu te caches derrière, le masque est là, omniprésent. T’as pas le droit à l’erreur, tu ne peux tout simplement pas te résigner à montrer aux autres ce que tu ressens. Alors, tu renies, tu fais l’autruche, tu fous ta tête sous le sable et tu attends que ça passe. Personne ne te comprendra. Pas même toi. T’es plein de contradictions, plein de mystère, et tu souffres. La solitude te pèse, les mecs te baisent. Tu te sens seul, tu avances à l’aveugle. T’as cette façade que t’as érigée, et qui te permet de garder des apparences qui n’ont aucun rapport avec la vérité. Tu fais l’arrogant, le fier, alors que t’es toujours le petit garçon qui a peur des monstres sous son lit, qui ont quitté leur endroit habituel pour déambuler dans ce monde cruel dans lequel t’as vu le jour.  T’es un nerveux, t’as les mains qui tremblent quand t’es pas bien, quand t’es pas à l’aise, et tu vas à la conquête de tes doigts, tu t’agites, tu les brutalises. Tu es devenu un nouvel homme dès que t’as perdu ton père. T’étais le gosse sage, obéissant, adorable. T’étais tellement gentil. T’as fini par mal tourner, par te rebeller. Avec toujours un espoir de revenir à tes origines, de ne pas te laisser aller. Mais dès qu’il a clamsé à cause de toi, t’as perdu la tête. T’as ressenti le besoin d’avoir recours à la froideur, de devenir cet être ignoble. Au fond, tu as juste l’impression que plus personne ne t’aimera. Que tu seras toujours tout seul. T’as perdu le dernier pan qui t’accrochait à la raison. Aliéné, tu déambules dans les couloirs de ta risible existence avec une impression que tu n’appartiens plus à cette vie, que tu devrais plutôt être six pieds sous terre au lieu de ton paternel. Son sacrifice a été vain. Il est mort pour te protéger, mais c’est trop tard. Plus rien ne le peut, car tu es ton pire ennemi. Il n’y a plus que pensées négatives qui errent dans ton esprit, et tu ne peux tout simplement pas t’en sortir. Tu vagabondes dans le labyrinthe de ton pessimisme, tu te noies dans ton obscurité. Tu veux à tout prix oublier. Alors tu vas dans ces soirées. Plus question de toucher à la drogue, tu ne veux plus frayer avec ces connards. C’est à cause d’eux que Papa s’est retrouvé avec une balle dans le mauvais endroit. Tu te déchaînes, tu bois, tu te saoules, avec le bruit, avec l’alcool. Tu danses. Mais tu ne baises pas. Tu ne baises plus. Tu les rejettes tous, ces porcs qui veulent s’insinuer entre tes cuisses. C’est pas parce que t’en as plus envie. C’est parce que t’as peur, parce que la dernière fois que tu as eu quelqu’un en toi, tu le voulais pas. Il t’a forcé. Et tu n’arrives plus à effacer ces images de ton esprit, tu n’arrives pas à oublier la douleur qu’il a engendrée en toi. Ça aussi, tu t’efforces de l’oublier. Parfois, tu te dis que ce serait plus facile de te jeter par une fenêtre, de mettre fin à ces pathétiques jours qui passent lentement et que tu n’arrives plus à supporter. Mais tu tiens bon. Sans raison apparente. Tu te redresses, tout seul. Tu te dis que peut-être, un jour, les choses vont se modifier. T’es pas un optimiste, ça c’est clair, mais la donne va sûrement changer. Avec autant de souffrance, le bonheur attend au tournant. Mais le mérites-tu ?

(M/F) Anciens clients Δ Des personnes à qui il aurait pu vendre de la drogue par le passé.
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